Sur le Vif

Au début de la Première Guerre mondiale, la mobilisation absorbe une grande partie des effectifs de la presse française et de nombreux périodiques disparaissent. Au même moment, de nouveaux périodiques illustrés voient le jour et tirent parti de l'abondante documentation visuelle en provenance du front. Sur le Vif est l'une de ces nouvelles publications, avec des revues telles que Le Miroir, L'image de la guerre et J'ai Vu. (Veray 1993, 112). Sur le Vif est illustré de photographies et de croquis, et fait de l'image le vecteur central du reportage plutôt qu'une simple illustration (Pichel 2021, 169). Le journal est très bon marché (.15 francs) et son principal public est constitué de femmes et d'hommes non mobilisés, mais il est également distribué dans les hôpitaux et sur le front (Pichel, 28, 43). Il publie son premier numéro le 14 novembre 1914 et continue à paraître pendant toute la durée de la guerre. Si Sur le Vif reprend globalement les stratégies visuelles de la presse illustrée, il se spécialise particulièrement dans les photos d'action et publie également une série de photographies de personnes disparues dans une structure en grille afin d'aider le public à localiser les disparus (Pichel, 236-246). Elle adopte une rhétorique visuelle et textuelle très émotionnelle et fait souvent appel au patriotisme et à l'effort collectif. Contrairement à la production photographique du Service photographique de l'Armée, il est moins contraint par les directives de la censure (Pichel, 160-163). Il complète les images officielles par des photographies d'amateurs qui lui sont envoyées du front, et publie des photographies violentes non seulement de cadavres allemands, mais aussi de blessés et de morts français. Le journal tente apparemment d'échapper à la censure en soumettant des maquettes de pages à la dernière minute dans l'espoir que, compte tenu de l'énorme quantité de documents qui lui parviennent, les censeurs se concentrent sur les images qui mettent en péril la sécurité des opérations plutôt que sur le bon goût.

 

Bibliography:

Pichel, Beatriz. Picturing the Western Front: Photography, Practices, and Experiences in First World War France. Manchester: Manchester University Press, 2021.

Veray, Laurent. “Montrer la Guerre: La Photographie et le Cinématographe.” Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, no. 171, 1993, pp. 111-21. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/25730966. Accessed 22 July 2023.

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